Plusieurs études permettent d’établir l’existence d’un lien entre la violence conjugale et la maltraitance envers les enfants. On dispose de preuves de plus en plus solides sur le fait que la présence de violence conjugale augmente le risque de maltraitance physique envers l’enfant et inversement (Appel & Holden, 1998 ; McGuigan & Pratt, 2001 ; Smith Slep & O’Leary, 2005 ; Tajima, 2000).
Dans leur recension des écrits, Jouriles, McDonald, Smith Slep, Heyman et Garrido (2008) concluent que le taux d’agression physique envers les enfants au sein des familles affectées par la violence conjugale varierait entre 16% et 67% selon la nature de l’échantillon (clinique ou populationnelle).
La cooccurrence de ces deux formes de violence serait aussi associée à une plus grande sévérité de la violence ainsi qu’à des conséquences plus importantes pour les enfants (Browne & Hamilton, 1999 ; O’Keefe, 1995). Les services de protection sont donc susceptibles d’être appelés à jouer un rôle important dans la protection des enfants vivant dans un tel contexte et sont de plus en plus souvent interpellés dans ce type de situations. D’ailleurs, une étude comparative des données issues des études canadiennes sur l’incidence des mauvais traitements signalés aux services de la protection réalisées en 1998 et en 2003 indique qu’en cinq ans, les signalements des enfants pour motif d’exposition à la violence conjugale a augmenté de 259%, passant de 1,72 cas corroborés pour 1000 à 6,17 (Trocmé, MacLaurin, Black, & Lajoie, 2005).
Selon les auteurs de cette étude, cette forte hausse serait en partie attribuable aux modifications apportées à la loi sur la protection de l’enfance de plusieurs provinces ainsi qu’aux changements dans les attitudes de la population et des professionnels à l’égard des effets néfastes de cette exposition pour les enfants. Malheureusement, il existe peu d’informations sur les caractéristiques des familles aux prises avec des situations de cooccurrence qui sont connues des services de protection de l’enfance ni sur ce qui les distinguent des autres familles dont l’enfant est signalé pour maltraitance sans être exposé à la violence conjugale. Une meilleure connaissance du profil des cas de cooccurrence s’avère donc essentielle afin de mieux soutenir les intervenants dans leur dépistage, l’évaluation des risques pour les victimes et l’élaboration de plans d’intervention adaptés.
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