Article lu sur le site de Femmes NC
Dans le cadre d’un plan d’action nommé « Agir », la gendarmerie nationale a commencé à former ses personnels à mieux accueillir et accompagner les victimes de violences conjugales sur le Caillou. Un exercice qui reste toujours délicat tant les actes de violence au sein des foyers calédoniens sont nombreux et graves.
Dans le foyer socioculturel de Boulouparis, une soixantaine de gendarmes venant des compagnies de Nouméa et de La Foa étaient présents, sans compter ceux que l’on pouvait apercevoir sur un petit écran au milieu de salle et qui suivaient les interventions en visioconférence depuis les Îles. L’objectif de cet événement, former les personnels de gendarmerie à mieux accueillir et accompagner les victimes de violences conjugales. « Le Grenelle contre les violences faites aux femmes de novembre dernier a révélé qu’il y avait parfois un défaut dans la qualité de l’accueil fait par les forces de l’ordre, mais aussi un défaut d’empathie, indique le général Christophe Marietti, commandant de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie. Nous souhaitons donc que tous nos personnels soient formés afin de mieux accueillir, écouter et accompagner la personne victime de violences dans son foyer. » Une victime doit être accueillie à la hauteur du courage dont elle fait preuve pour venir porter plainte. La formation proposée aux enquêteurs de tout le territoire devrait pouvoir supprimer « le décalage » qui existe entre le traitement de la victime réalisé par le personnel en gendarmerie et le ressenti de celle-ci. « Le gendarme est souvent un très bon technicien, mais parfois il n’arrive pas à prendre la mesure de la détresse de la personne qui vient porter plainte », ajoute le général Marietti. Des mesures qui s’imposent étant donné les tristes records battus par le Caillou dans le domaine des violences conjugales. « Nous sommes des champions en la matière, mais nous aimerions bien être champions dans un autre domaine que celui des violences conjugales. Ici les femmes victimes de violences, c’est une vraie réalité, explique Florence Ghilbert-Bezard, commissaire déléguée à la province Sud. Il y a une enquête qui a été faite l’année dernière et qui affirmait qu’une femme sur cinq avait été, durant l’année, victime de violences de la part de son conjoint. Ces chiffres suscitent de l’effroi et nous devons nous mobiliser et briser la loi du silence. » C’est pour que les personnes victimes de violences osent parler et qu’elles aient confiance en les forces de l’ordre que les conditions d’accueil doivent être améliorées. « De manière générale, ces violences ont du mal à sortir de la maison. Lorsqu’une victime décide de porter plainte, elle doit être accueillie à la hauteur du courage dont elle fait preuve pour venir le faire », affirme Florence Ghilbert-Bezard.
Former et sensibiliser
Selon la commissaire déléguée à la province Sud, tous ces changements ne pourront s’opérer que si un travail commun est réalisé entre tous les acteurs concernés par la lutte contre ce fléau en Nouvelle-Calédonie. « Il nous faut à tout prix travailler ensemble et de manière minutieuse. L’enjeu est de rassembler les acteurs, marquer les esprits, mais aussi changer la manière de faire en mettant en place des outils concrets », ajoute-t-elle.
Parfois le gendarme n’arrive pas à prendre la mesure de la détresse d’une personne.
Attentifs, les gendarmes qui ont assisté à la formation étaient là pour être sensibilisés aux gestes, aux attitudes à avoir, que ce soit au moment où une personne dépose plainte, au moment où les forces de l’ordre interviennent sur une scène de violence, ou dans les procédures qui suivent la plainte avec la justice et/ou les organismes sociaux.
270 gendarmes devraient bénéficier de cette formation. Cette opération pourrait aussi être étendue aux forces de police.
Différents intervenants se sont succédé pour mettre à leur disposition les bons outils. Un magistrat du parquet leur a par exemple décrit toutes les procédures qui peuvent être initiées selon les situations rencontrées. « Il leur a été rappelé tout le cadre légal qui permet de relever tout type d’infraction et de se demander : Est-ce qu’une menace justifie ou non d’interpeller l’auteur ? Est-on en mesure d’éloigner l’auteur des violences de la personne qui en est victime ? », détaille le général Marietti.
Les militaires ont aussi bénéficié de l’expertise d’une intervenante sociale de la gendarmerie et d’un membre de l’association pour l’accès aux droits et l’aide aux victimes (Adavi) qui leur ont parlé de la psychologie des femmes, et fait l’inventaire de tous les organismes sociaux dédiés à l’accueil des femmes victimes. A l’issue de la formation, les gendarmes ont eu à leur disposition une grille d’évaluation qui va leur permettre de se poser les bonnes questions, et ainsi protéger au mieux les personnes qui sont confrontées à des situations qui peuvent être d’une violence terrible.
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